samedi 25 avril 2015

Un nouvel antibiotique, enfin !!

         Nous savons tous que les antibiotiques deviennent peu à peu inefficaces, en grande partie par notre faute, nous qui utilisons les antibiotiques n’importe comment, en particulier dans l’élevage des animaux comestibles.
Les staphylocoques dorés sont des bactéries très dangereuses, difficiles à combattre parfois mortelles lors de septicémies (infection généralisée du sang), et de plus en plus, deviennent résistants aux antibiotiques connus.
  La plupart des antibiotiques sont issus des bactéries du sol, mais 99% de celles ci ne peuvent pas être cultivées en laboratoire et on ne peut donc ni les produire, ni tester leur action, ni identifier les principes actifs qui leur font détruire leurs cibles.
  La pénicilline, découverte par Alexander Fleming en1928, est ainsi fabriquée par une moisissure naturelle, mise en culture dans des boîtes de Pétri. (ce sont des boîtes en verre qui ont l’allure dune boîte de camembert.)
  Mais à peine 1% des micro-organismes supporte ce mode de culture. 

  L’article, paru dans le numéro de mars 2915 de la revue La Recherche, décrit la découverte faite par Losee Ling du laboratoire américain NovoBiotic Pharmaceuticals, en partenariat avec I'université de Boston, aux Etats-Unis, et l’université de Bonn, en Allemagne, article auquel j’emprunte le schéma explicatif ci dessous. 




  Ces chercheurs ont utilisé un dispositif original, baptisé  « iChip », mis au point en 2010, long de quelques centimètres, qui agit comme un tamis aux trous microscopiques :
plusieurs plaques de plastique, sur lesquelles se trouvent des trous très fins, permettent ainsi d’isoler les micro-organismes.
  Des échantillons de sol herbeux sont dilués dans une solution dans laquelle sont plongés les ichips, qui sont recouverts de membranes semi-perméables et remis en place dans le sol d’origine, en plein air, pendant un mois.
  La moitié des cellules piégés, ainsi remises dans leur milieu naturel, produisent des colonies de cellules, qui peuvent ensuite être mises en culture en laboratoire.
  Près de 1000 sortes de microorganismes ont été ainsi cultivés puis testés. sur des plaques contenant des staphylocoques dorés; 25 des micro-organismes ont stoppé le développement de ces bactéries.


  L’un des meilleurs résultats a été constaté grâce à un micro-organisme qui a été baptisé « Eleftheia terrae", qui produit une substance antibiotique, que l’équipe a appelée teixobactine et qui semble être efficace contre les bacétries pathogènes à Gram positif, ayant dveloppé une résistance aux antibiotiques classiques.
  La structure chimique de cet antibiotique nouveau a été déterminée et publiée dans un récent compte rendu : la figure ci-contre vous montre la complexité d’un tel produit.
  La teixobactine se lie à des motifs structurels peu sensibles aux mutations des bactéries, de sorte qu'elle bloque la formation de la paroi qui les protège, et reste efficace malgré des mutations génétiques.


Testée sur des souris, la teixobactine a guéri, sans effet indésirable, les animaux
infectés par le staphylocoque doré, par le pneumocoque, par une bactérie responsable de diarrhées, ou par le bacille de Koch, agent de la tuberculose.
  Par contre les bactéries à Gram négatif, comme Escherichia coli, ne sont pas sensibles à cet antibiotique.
  Leurs membranes sont en effet beaucoup plus complexes, composées d’une première bi-couche hydrophile, à base de phospholipides et de protéines, puis d’une interface où sont stockés des enzymes, des protéines et des nutriments, et d’une seconde membrane plasmique qui ressemble  celle des bactéries à Gram positif, mais qui, protègée par la première membrane, nest pas attaquée par l’antibiotique teixobactine.

  Il sagit donc d’une avancée notoire dans le renouvellement des antibiotiques, mais il ne faut pas crier trop tôt victoire. Pour le moment l’antibiotique était encore actif au bout de 3 semaines, mais rien ne prouve que les bactéries ne trouveront pas une parade pour y échapper. Il nest pas prouvé non plus que ce médicament, sans effets secondaires notables sur les animaux, n’en aura pas sur l’homme.
  Les expériences vont se poursuivre et on peut espérer une commercialisation de ce médicament, s’il passe tous les tests, vers 2022/24.

  Mais une nouvelle méthode a été mise au point pour trouver de nouveaux antibiotiques et c’est une retombée fort intéressante de cette étude.

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