dimanche 12 avril 2015

Il n'y a pas de "surdoués" mais des "enfants précoces" !


    Deux correspondantes, mamans, m’ont envoyé des mails éplorés me disant qu’un de leurs enfants était « surdoué » malheureux et n’avait pas de bons résultats en classe, et elles se demandent pourquoi.
    Il faudra sans doute que je fasse des articles sur le QI par la suite.

    D’abord, il ne faut pas parler d’enfant « surdoué » et surtout ne pas le leur dire sous cette forme. C’est totalement inexact comme terme. Ce sont des enfants « précoces au plan des apprentissages »
    Leur dire qu’il sont surdoués risque, soit de les inquiéter, soit de leur donner un sentiment de supériorité qui annihile leurs efforts (pas la peine d’en faire puisqu’on est surdoués par rapport aux autres !)
    Quand j’étais jeune, à l’entrée en sixième (qui n’était possible qu’après un examen que beaucoup de bacheliers actuels rateraient en raison de leur mauvaise orthographe), on passait systématiquement un test de QI, type Binet, et ceux qui avaient un QI égal ou supérieur à 130 étaient dits « précoces » et les professeurs devaient leur réserver un régime particulier.
    Selon Binet un enfant de dix ans qui a un QI de 130 a un âge mental de 13 ans.
   
    En effet un tel élève a, en général, une bonne mémoire, une certaine curiosité intellectuelle, et surtout il comprend vite ce qu’on lui explique et si l’explication est logique et bien faite, il a déjà retenu la leçon et n’a besoin que de faire les exercices demandés.
Ses parent lui ont aussi appris beaucoup de choses, notamment à lire, écrire et compter et il aime lire beaucoup de livres.
    Comme aujourd’hui on ne donne plus guère d’exercices, et que de plus l’enseignement est devenu relativement théorique, sans applications pratiques, l’enfant s’ennuie en classe en ne fait aucun effort pour apprendre et ne s’intéresse donc pas à l'école.

    Une deuxième difficulté provient du fait que, très souvent, les élèves précoces ont une préférence cérébrale de perception « Globale » et que donc ils n’aiment pas la démarche d’enseignement pas à pas, progressive, par déduction et analyse lente et détaillée, qui est malheureusement celle appliquée aujourd’hui, vu le niveau très hétérogène des classes et aussi parce qu’on ne fait plus d’enseignement pédagogique aux professeurs.
    L’enfant précoce ne procède pas ainsi : il comprend les problèmes globalement et ne s’occupe qu’ensuite des détails et si on l’y oblige. Son esprit va dans des directions différentes, foisonne d’idées, est en général créatif, car il fait des associations inattendues, et évidemment il pose des tas de questions et cela en général gêne les professeurs qui ne’y répondent pas et l’enfant à l’impression d’être exclu d’une classe où on ne s’intéresse pas à lui et où il ne fait rien qui l’intéresse, où il n'est pas à l’aise.
    Par contre, lorsqu’il ne s’agit pas de questions intellectuelles, l’enfant précoce ne l’est plus : son développement physique est normal et donc il n’excelle plus dans les sports et les jeux physiques, et il a alors l’impression au contraire d’être en retard.
    De plus ces enfants, du fait qu’ils s’ennuient, qu’ils n’ont pas le physique à la taille de leur intellect, et qu’ils souhaitent avoir des camarades plus âgés pour qu’ils soient à leur niveau intellectuel, sont souvent très actifs, cherchent toujours quelque chose à faire pour ne pas s’ennuyer et posent des questions pas toujours simples et parfois inattendues, compte tenu de leur façon d’explorer les idées en « feu d’artifice ».
    Et de nos jours, quelqu’un de très actif, remuant et questionnant est catalogué par les psy d'enfant  « hyperactif » et considéré comme anormal, ce qui est ridicule et ajoute au malaise du jeune enfant.
   
    Y a t’il des remèdes à cela : oui et ils sont simples, mais il faut les appliquer le plus tôt possible.    Autrefois les profs avaient reçu une formation pédagogique pour cela.
    D’une part ils savaient non seulement appliquer la démarche pas à pas pour les élèves de préférence « sensitive », mais ils savaient insérer des schémas, des résumés, des plans, pour les élèves de préférence « globale ». Par ailleurs nous avions de nombreux exercices à faire mais avec des applications à la vie courante et l’enseignement nous paraissait « utile ».
    D’autre part les professeurs repéraient les élèves précoces et ils leur donnait du travail supplémentaire, d’un niveau plus élevé, ce qui les intéressait, les occupait et leur semblait de leur niveau. D’ailleurs on faisait souvent sauter une classe voire par la suite une deuxième, afin que l’enfant ait toujours l’impression qu’il lui faudrait faire effort pour apprendre et réussir.
    Le professeur les envoyait parfois au tableau, résumer le cours ou corriger un exercice à sa place. Il leur demandait aussi d’aider ceux qui avaient du mal à suivre, de leur ré-expliquer le cours (et ce n’est pas si facile que cela car il faut l’avoir très bien assimilé), les aider dans les exercices, ou dans l’apprentissage des leçons. L’enfant se sentait ainsi valorisé et par ailleurs, ses camarades lui en étaient reconnaissant et cela favorisait la bonne entente; et à leur tour, ceux qui avaient du mal à suivre intellectuellement, aidaient parfois le jeune précoce dans les travaux physiques et pratiques où il ne l’était pas physiologiquement.

    Et surtout ne pas reprocher à cet enfant précoce sa façon d’avoir des idées et répondre à ses questions, ne pas voir peur de lui dire « je ne sais pas, mais on va aller chercher ensemble l’explication dans un livre ou sur internet ». Autrefois ce n’était pas toujours facile de trouver les informations dans des livres; aujourd’hui internet est une mine extraordinaire : il faut simplement y consacrer du temps par exemple le week-end. Mais c’est une chose merveilleuse que de développer l’intelligence et le savoir d’un enfant.
   
    Mais effectivement rares sont les professeurs qui aujourd’hui savent faire cela. On ne le leur a pas appris. Alors s’ils en sont capables, il faudrait que les parents y suppléent et suivent la scolarité de leur enfant, en n’hésitant pas à lui donner du travail supplémentaire, sous forme d’exercices d’application si possibles pratiques, à répondre à ses questions, à aller chercher des informations sur internet avec lui, et qu’ils arrivent même à l’intéresser à certains domaines et à l’inciter à les creuser, pour développer sa curiosité intellectuelle, sa mémoire, et son goût du travail.
    Il faut aussi essayer de donner à l’enfant le goût de la lecture, car cela lui évitera l’ennui, mais c’est aussi la seule façon d’apprendre à rédiger et cela sans fautes d’orthographe.
    Ce serait beaucoup plus utile que de passer son temps à aller sur internet uniquement sur les réseaux sociaux et à s’aplatir les pouces à force d’écrire des SMS avec une orthographe catastrophique

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