mardi 7 avril 2015

Faut il tant se soucier de l'opinion des autres ?



            Il est certain que, lorsqu'on est un vieux singe, comme moi, on a reçu une éducation il y a bien longtemps, et on a ensuite mis en mémoire des tas de souvenirs au cours de sa vie.
            On a donc parfois du mal à réagir comme les jeunes d'aujourd'hui et certaines réactions, tant de mes correspondant(e)s que de mes petits enfants ou de leurs ami(e)s, m'étonnent toujours.

            J'ai par exemple du mal à comprendre pourquoi vous attachez tant d'importance à l'opinion d'autrui, et de vos camarades en particulier, au point de faire parfois d'énormes bêtises du fait de cette attention exagérée.
            Certes se moquer complètement de l'opinion des autres serait être asocial, égoïste et extrêmement prétentieux. Mais en faire sa religion est un excès tout aussi regrettable.

            Je pense que c'est en partie une question de mode et d'influence du multimédia : des images diffusées par la télévision d'une part, et des réseaux sociaux et téléphones portables d'autre part.
            Etant ado, certes mes camarades comptaient pour moi, j'avais des contacts nombreux, mais réels (parfois même physiquement rugueux). Cela dit, je ne me sentais pas orphelin lorsque je n'étais pas avec eux, et je ne m'ennuyais pas le moins du monde. Effectivement le téléphone portable et la messagerie ne nous manquaient pas et nous aurions même trouvé cela horripilant, de ne pas pouvoir être tranquille une seule minute.
            Et d'une part je ne passais pas mon temps à regarder (et envier) ce qu'ils avaient (au contraire on essayait d'avoir des choses différentes, ce qui nous donnait plus de possibilités tous ensemble).
            D'autre part si mes camarades avaient une certaine opinion sur un sujet donné, je ne me sentais pas obligé de la partager et j'avais mes propres raisons et mon libre-arbitre.
            Bien sûr je préférais qu'ils aient une bonne opinion de moi, plutôt qu'une mauvaise, mais l'image que je donnais de moi n'était vraiment pas une grande préoccupation et mes actes étaient rarement conditionnés par ce souci.
            Enfin, conséquences de la guerre sans doute, nous avions très peu d'argent de poche et de ce fait, nous étions forcés d'avoir le sens de la valeur des choses, et de l'effort qu'il fallait fournir pour les obtenir.
            La vie était certes plus difficile et moins attrayante, mais paradoxalement, je crois que nous étions plus heureux.

            La première attitude qui m'étonne aujourd'hui, c'est votre envie quasi générale et irrépressible de posséder la même chose que le voisin ou même mieux que lui. Posséder, même des choses inutiles est devenu une compétition. C'est la société de consommation.
            Il vous faut le plus souvent le dernier smartphone, avoir un micro-ordinateur plus performant, des chaussures et vêtements de marque, pas forcément parce que vous en ressentez l'utilité, mais surtout parce que vos copains viennent de les avoir.
            Il faut avoir autant d'amis qu'eux sur facebook, avoir comme eux un (ou une) petit(e) ami(e), aller plus loin dans les niveaux des jeux sur internet, avoir chargé les mêmes musiques et les mêmes films (même s'ils ne sont pas à votre goût)
            Bizarrement la seule envie que vous n'ayez pas souvent c'est d'avoir de meilleures notes qu'eux en classe. Ce n'est pas étonnant car la compétition générale de possession et les réseaux médiatiques, vous prennent tellement de temps que vous n'avez pas assez de temps à consacrer aux études. Autrefois celui qui travaillait bien n'était pas traité d'intellectuel par ses camarades, qui avaient trop besoin de lui pour les aider dans leurs devoirs.

            Cette mode a deux inconvénients :
                        - le premier est que c'est très onéreux et donc vos parents réagissent contre ce gaspillage dangereux, qui voudrait que tout le monde dépense comme les plus riches, sans en avoir les moyens. Les conflits avec les parents, même laxistes, sont nombreux de ce fait.
                        - le second inconvénient tout aussi regrettable, est que cela ne vous rend pas plus heureux, au contraire.
            Souhaiter sans cesse du nouveau, l'avoir sans effort et presque sans l'avoir désiré longtemps, fait que l'on se lasse vite de ce que l'on a, parce qu'on désire tout de suite mieux, ou le joujou suivant. Un désir permanent de possession devient une addiction, comme une drogue, créant manque et souffrance.
            Mais il est certain que les médias avec leurs publicités et les films et téléfilms, ainsi que la sortie incessante de nouveaux modèles, font de nous tous des otages de la société de consommation.

            La deuxième attitude qui m'étonne aussi de la part des jeunes, c'est l'importance qu'ils accordent à leur image au regard des autres.
            Certes, là encore, un minimum est nécessaire.
            Il y a toujours dans un groupe, quelques vantards, des Tartarins de Tarascon, mais cette tendance est aujourd'hui généralisée, de vouloir épater copains et copines.
            Il faut se vanter de ses exploits, pratiquer des sports, non pour se faire plaisir et soigner son corps, mais pour faire des performances dont on puisse se vanter, raconter ses aventures sentimentales et donc en avoir beaucoup, montrer ses dessins et écrire des romans, même si on n'est pas doué et qu'on ne trouve pas de plaisir à les réaliser, fumer même si on sait que c'est dangereux.
            Le pire c'est que lorsqu'un copain vous dit "t'es pas cap de faire cela", là vous foncez tout droit pour le faire, sans vous soucier des conséquences possibles. On veut faire des exploits en skateboard, en trottinette, en planche à voile (mais la planche, c'est ringard!) mais mieux en windsurf, (gare aux membres cassés), en moto, voire en auto, on va faire du hors-piste, on se saoule aussi pour faire comme le copain ou on fume un joint, et on conduit ensuite.... et c'est l'accident.
            C'est aussi la grosse bêtise que l'on fait pour pouvoir filmer l'exploit avec son téléphone portable et pouvoir le montrer aux copains ou le publier sur internet.
            La seule image qui ne vous intéresse pas c'est celle du bon élève en classe, sans se rendre compte que l'instruction, c'est ce qui rend intelligent, et donne quelques chances d'avoir un métier, par ces temps affreux de chômage.

            Les actions, heureusement rares, (mais inexistantes autrefois sauf par quelques fous échappés d'asiles), que je ne comprends pas du tout, c'est lorsqu'un jeune frappe son professeur ou ses parents, voire les blesse sérieusement, lorsqu'il blesse un camarade avec un couteau ou une arme à feu, et souvent pour un motif futile, ou lorsque un ou des garçons violent une fille. Les jeunes en question ont l'air sains d'esprit et ne sont pas des idiots complets, alors que peut il se passer dans leur tête, pour avoir ainsi des comportements d'animaux sauvages.?

            Je comprends qu'étant ado, vous n'ayez pas encore d'expérience de la vie et que vous vous laissiez entraîner dans des comportements moutonniers. Le problème, c'est que cela devient une habitude, et je constate que des jeunes maintenant adultes ou presque, ont ce même comportement, car ils ne peuvent s'en débarrasser?. C'est devenu une seconde nature. C'est cela qui m'inquiète pour l'avenir.

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