mardi 21 avril 2015

Pensée, cerveau et langage




Je suis toujours émerveillé quand je vois fonctionner le corps humain et notamment nos cerveaux. L’homme construit de nos jours des machines ultra-perfectionnes comme les a&ronefs ou certaines machines informatiques, mais il ne fera jamais un robot aussi performant que le cerveau humain, que l’évolution a mis quelques millions d’années à mettre au point.
 Le plus mystérieux est certainement l’élaboration de nos pensées.




  Il ne faut pas croire que les animaux sont dépourvus de pensées : la preuve ils communiquent entre eux.
  Dès que deux animaux sont en présence, ils changent des signes visuels, auditifs ou olfactifs , qui créent des images mentales qu’ils mémorisent dans leur système nerveux et qui constituent une sorte de langage spécifique et particulier. Et ces échanges modifient le comportement de ceux qui y ont participé.
  Certaines espèces vont se servir de phéromones, comme les fourmis, d’autres d’une gestuelle, comme les abeilles; les primates et les oiseaux utilisent des signaux sonores, et les éléphants émettent des infrasons qui se propagent à grande distance dans le sol et qu’ils détectent par leurs pieds.

  Certes la pensée humaine se sert beaucoup d’images (notamment le bébé qui na rien d’autre à sa disposition), mais sa pensée repose avant tout sur le langage, et d’échanges de sons, ce qui nest pas original.
  Mais c’est un système bien plus sophistiqué que celui des animaux, car parler, c’est convenir qu’une série de sons désigne une chose, un objet, une action, un concept. L’un des avantages, c’est qu’on peut désigner l’objet par cette combinaison de sons, même quand il nest pas là, ou même quand il n’est pas matériel et que nos sens ne le perçoivent pas.
  Chaque langue humaine est donc une convention entre les sons et ce qu’ils représentent : on ne connaît pas de société humaine actuelle sans langage, ni de langage chez d’autres espèces que chez l’être humain.
  Un perroquet peut imiter les sons du langage humain mais ne communiquera jamais de concepts abstraits avec ces sons.

Par contre les singes supérieurs dont le cerveau est plus proche du nôtre, certes ne peuvent parler car leurs cordes vocales et leur palais ne sont pas adaptés à nos intonations et à nos phonèmes. Mais si on met au point avec eux des conventions de langage, par exemple celui des sourds muets, on peut leur faire comprendre de nombreuses choses et les faire s’exprimer par des phrases simples : sujet, verbe, complément et éventuellement adjectifs. On arrive même à leur faire comprendre des concepts simples : le « moi » dans une glace, le fait qu’une chose soit plaisante, et la beauté (d’un habit par exemple). Ils différencient les actions (verbes), des objets (noms).

  Quel est le lien entre pensée et langage chez l’être humain ? 
Pensons-nous vraiment toujours avec le langage ? Pourquoi est-ce souvent si difficile d’exprimer clairement notre pensée ?
  Quand nous nous remémorons un souvenir, certes il est avant tout composé d’images, de scènes, certaines même animées comme au cinéma et dans la réalité. Mais à coté de ces images, il y a des mots, qui leur sont automatiquement associés. 
  Notre mémoire est ainsi faite et notre hippocampe va associer images et mots par des connexions entre neurones, qui deviennent automatiques et inconscientes.
  De même nous pouvons imaginer un voyage, une visite, une action que nous allons faire, et, là encore les mots accompagnent les images, et même souvent les précèdent. Et ce sont des images mentales virtuelles puisque nous n’avons pas encore vécu la scène.
  Et si nous réfléchissons, l les mots deviennent prépondérants et nous nous parlons  nous mêmes mentalement, avec des mots, sans les prononcer à haute voix.
  Quand nous parlons, le cortex préfrontal, chef dorchestre du cerveau, indique ce qu’il veut exprimer, il va chercher les mots avec l’aide de l’hippocampe dans le centre de Geschwind, puis il demande au centre de Broca de fabriquer grammaticalement et syntaxer les phrases, et de préparer dans le centre de vocalisation, la prononciation des mots, qui est ensuite ordonnée aux centres moteurs qui commandent les muscles de la parole.
  Chose extraordinaire, quand nous pensons en nous mêmes, mentalement et sans mettre de son, pourtant le processus est le même. Broca construit les phrases, et le centre de vocalisation en prépare la prononciation, mais l’action est arrêtée là et aucun son n’est prononcé ensuite.
  Plus extraordinaire encore, quand nous écoutons quelqu’un parler, le centre de Wernicke reconnait les mots, va les chercher dans le centre de Geschwind et transmet au cortex frontal l’information de leur signification; mais en même temps, nos neurones miroirs qui se trouvent dans les centres moteurs, miment les ordres de prononciation, sans qu’aucun son ne soit émis, mais pour que nous comprenions mieux notre interlocuteur, en lisant sur ses lèvres.
  S’exprimer c’est au fond extraordinaire : cela nécessite une maîtrise sémantique, lexicale, syntaxique, grammaticale, orthographique, et finalement vocale si nous parlons, ou de formes et de gestes si nous écrivons.
  Il faut remarquer toutefois que la généralisation de l’écriture favorise et facilite la passation de ces données et méthodes d’une génération à l’autre.

  Un autre phénomène m’a toujours frappé. 
Si on vous fait lire un texte d’une page par exemple, et qu’on vous demande ce qu’il disait, vous êtes en général capable de répondre : vous avez compris ce que ce texte disait. Mais vous l’exprimez autrement avec des mots et des phrases différentes de celles du texte lu. 
Vous avez transformé le texte en un concept des idées qu’il contenait, et vous réexprimez à votre façon, ce contexte en mots différents; il y a l une manipulation conceptuelle que ni l’animal, ni l’ordinateur ne savent faire, mais que notre cerveau fait sans difficulté s’il a appris à le faire.

  Et si on veut encore aller plus loin dans l’admiration, les centres de notre cerveau droit savent mettre des émotions dans l’intonation du langage et reconnaître les sentiments des autres dans leur façon de s’exprimer.
  Notre cerveau est vraiment un outil extraordinaire.

  Cela dit ce nest pas toujours facile de se comprendre :
  - Il y avait ce que vous pensiez;
  - Il y a ce que vous avez voulu dire;
  - Il y a ce que vous avez dit (et ce que vous n’avez pas dit);
  - il y a ce que j’ai entendu (et ce à quoi je n’ai pas fait attention);
  - il y a ce que j’ai compris; (en fonction de ma personnalité et de mon expérience);
  - il y a ce que j’ai retenu; (ou ce que j’ai voulu retenir).
    Etait ce que vous pensiez initialement ?
    et qu’en a retenu mon voisin; sûrement pas la même chose que moi!

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