mercredi 16 décembre 2015

Les centres d'apprentissage et du plaisir : le circuit de la récompense.

 Je vous ai parlé de la formation du cerveau et de son développement chez l'enfant.
J'ai donc cité les "centres d'apprentissage", mais dans expliciter ce qu'ils étaient.
          Alors, bien sûr, on me le demande !
          Je vais vous l'expliquer, mais cela va ressembler à un cours de SVT, même si j'essaie de le faire le plus simplement possible.
          Je les appellerai les "centres d'apprentissage et du plaisir".  Ce sont des régions du cerveau, interconnectées entre elles, qui forment ce que l’on appelle aussi le “circuit de la récompense”. 
            L’absence de mise en oeuvre du circuit de la récompense, va au contraire donner une connotation négative à nos actes et il y a donc corrélativement un “circuit de la punition” constitué par les mêmes centres,  et on peut dire que le circuit de la récompense, ainsi que celui de la punition, fournissent la motivation nécessaire à la plupart de nos comportements.
          Les centres principaux de ce circuit sont représentés sur le schéma ci dessous :
Que sont nos centres d'apprentissage et du plaisir ?
           L’aire tegmentale ventrale (ATV), reçoit de l’information de plusieurs autres régions qui lui indiquent le niveau de satisfaction des besoins fondamentaux physiologiques,en provenance de l’hypothalamus, ou plus spécifiquement humains transmis par le cerveau émotionnel, ou bien relatifs à une action donnée de nos membres, (liés à l’observation par notre vue, notre toucher et notre ouie et donc grâce à la coordination de nos sens par le thalamus, ainsi que les neurones qui nous renseigne en permanence, de façon inconsciente, sur la position et l'état de contraction de nos muscles ou les sensations au niveau des viscères). Eventuellement des signaux de non satisfaction des centres amygdaliens, qui gèrent nos peurs, notre stress, et nos prises de risque..    
         L’aire tegmentale ventrale analyse et transmet ensuite cette information de satisfaction grâce à un neuromédiateur chimique particulier, la dopamine,  au noyau accumbens , au septum, aux centres amygdaliens et au cortex préfrontal. 
         Le septum
 va évaluer la valeur hédoniste de ce que lui transmet l'ATV, ou dans le cas d'essais d'apprentissage le taux de réussite ou d'échec, et il envoie l'information au cortex préfrontal, le chef d'orchestre du cerveau.
          Le cortex préfrontal va étudier la situation, réfléchir, prévoir une nouvelle action, après avoir consulté les centres amygdaliens sur les risques encourus; il consulte aussi la mémoire sur les événements passés analogues, en s'adressant au bibliothécaire de la mémoire, l'hippocampe. Il transmet l'information au noyau accumbens
           Le noyau accumbens  évalue la valeur hédoniste de l'action ou le risque d'échec et de réussite dans le casse  l'apprentissage puis il agit sur le striatum qui commande nos mouvements en liaison avec le cortex moteur, qui commande alors l'action, via le tronc cérébral.
          Tous ces échanges se font grâce à la dopamine, tous les neurones de ce circuit possédant des récepteurs sensibles à ce neuromédiateur.
           Cet action de la dopamine n’est connue que depuis les années 90 et a donc un effet de renforcement sur des comportements permettant de satisfaire nos désirs et souhaits. C'est la libération de plus ou moins de dopamine qui semble correspondre à la sensation de plaisir et de satisfaction : c'est la récompense.
          Dans l'apprentissage, la réussite d'un essai entraine la libération de dopamine et c'est le plaisir de la réussite, et dans le cas d'un échec, l'absence de dopamine est la "punition" qui incite à recommencer, autrement en recherchant des améliorations.
          La dopamine serait alors responsable d'un ensemble de comportements destinés à atteindre la récompense.
         J’ai essayé de simplifier au maximum mes explications. Les phénomènes chimiques et de liaison entre neurones sont plus complexes que ne le laisse supposer mon article. L’ATV  par exemple, utilise la dopamine pour moduler l’activité du noyau accumbens, mais d’autres neurotransmetteurs comme la sérotonine, les endorphines et le GABA sont aussi utilisés dans d’autres parties du circuit de la récompense pour renforcer certains comportements. (le Gaba ayant un rôle inhibiteur).

        
Cet exposé a dû vous paraître aride.
        Ce qu’il faut en retenir, au delà de la stricte connaissance des phénomènes, c’est une leçon de modestie. Depuis Pascal et Descartes, nous avons tendance à croire que c'est notre cortex qui réfléchit, compare, prévoit, organise, qui guide toutes nos actions. C’est en partie vrai, mais la complexité des connexions que j’ai décrites, laissent entrevoir comment les parties les plus primitives du cerveau peuvent avoir encore une influence prépondérante sur nos comportements, notre cortex se trouvant bien souvent obligé de puiser dans l’art de la rhétorique pour justifier sa conduite. "Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas !"  
  

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