dimanche 29 novembre 2015

Comment Daesh recrute t'il des fanatiques ?


     Depuis les attentats de ces derniers jours, je me demande quel peut être la mentalité de leurs acteurs et je cherche dans la documentation que je consulte, des articles sur les problèmes de kamikaze et d’embrigadement des jeunes chez les djihadistes.
    J’ai trouvé un article intéressant de Dounia Bouzar qui est la directrice du Centre de prévention contre les dérives sectaires et experte auprès du conseil de Europe.
    Elle a fait une étude auprès de 500 familkles qui ont connu ce calvaire et son article est une analyse de ces témoignages.
    Je vais simplement essayer de résumer son article, sans aucun apport personnel sur ce sujet que je ne connais pas.

    Comment un jeune peut il perdre le sens des réalités au point de rallier un mouvement fanatique, ce qui peut lui coûter la vie ?
    Dounia Bouzar montre de façon claire les étapes de l’embrigadement de jeunes sur internet. Le processus ressemble tout à fait à celui utilisé par de nombreuses sectes.

    Tout commence par un dialogue entre le recruteur et un jeune qu’il a ciblé, parce qu’il a un profil qui peut convenir à l’embrigadement. Ce dialogue a deux buts principaux : gagner la confiance du jeune et par ailleurs connaître ses problèmes, son attitude vis à vis de la société et de sa famille. Avoir le maximum de renseignements sur son passé, ses échecs, ses souffrances,   ses aversions, ses craintes et ses envies.
    Le recruteur peut alors mettre sur pied un plan totalement adapté à la personnalité et aux aspirations du jeune qu’il a en face de lui.
    Il va transformer le système cognitif du jeune qu’il a en face de lui.

    Il faut d’abord le couper de son environnement. Tout est bon pour l’en persuader, le but étant de le mettre en opposition avec la société : histoire, politique, santé, médicaments, vaccins…
    Il faut le persuader qu’il est dans un monde où les adultes et la société lui mentent et l’exploitent. Que le monde est dirigé par des sociétés secrètes : politiques, juifs, financiers, francs-maçons, sectes diverses…. Il faut que le doute l’envahisse.
    Le jeune s’isole devant internet et vit dans un monde imaginaire qu’il exècre et donc qu’il veut fuir.

    La seconde étape est de le couper de sa famille et de ses amis. On le persuade que ce sont des aveugles, incapables de voir la vérité sur le monde machiavélique qui a été inventé, voire vendus au système. Le jeune s’éloigne donc de son environnement et se retrouve seul face au recruteur

    La troisième étape est de le persuader qu’il ne retrouvera la paix qu’en s’affrontant à ce monde qu’il hait. Le jeune est le seul a avoir du discernement et il doit rejoindre l’Islam « pur » qui est le seul à s’opposer vertueusement à ce monde.
    Il faut l’intégrer dans ce groupe pour dissoudre sa personnalité, pour détruite ses références passées familiales et sociétales, pour annihiler sa mémoire.

    Si cette étape est menée à bonne fin, le jeune est alors persuadé d’être l’élu, d’être admis au sein d’une communauté qui détient la vérité et il adhère à la doctrine radicale.
Le groupe est tout puissant et il impose que ceux qui ne croient pas comme lui ne doivent pas en faire partie et doivent être éliminés : les tuer n’est pas un crime, mais un devoir.
    La pensée et les émotions du groupe remplace celles de l’individu, qui est déshumanisé. Il n’y a plus qu’un groupe et une idéologie pour laquelle on peut mourir.
    A cela s’ajoutent des vidéos de cruautés qui achèvent de dissoudre les vélléités humanitaires du jeune.

    Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les jeunes embrigadés ne sont pas forcément des musulmans très religieux et convaincus.
    D’après madame Bouzar, la majorité sont athées, puis des musulmans et des chrétiens et même quelques israélites.
    Il y a des familles pauvres, mais aussi des jeunes issus de la classe moyenne et  même des enfant de riches. 
    Des jeunes en échec scolaire, mais aussi le premier de la classe dans un lycée, et des jeunes qui ont eu des drames passés : deuil, viol, drogue….
    En fait le discours s’adapte au profil de l’individu et madame Bouzar cite des jeunes filles qu’on a convaincu qu’elles sauveraient des enfants victimes des bombardement, certaines violées à qui on a fait miroiter un mari dont elles seraient le seul amour, protégées des autres par le voile, et une enfant qui avait perdu son frère qu’elle adorait dans un accident, qu’on lui mettrait une ceinture d’explosif et qu’elle aurait alors le droit de le retrouver au paradis.

    Madame Bouzar explique aussi comment essayer de récupérer ces jeunes avant qu’il en soit trop tard. Ce sera l’objet d’un autre article.    

    Je me demande quelles sont les motivations des recruteurs, car on n’en parle pas dans l’article. Personnellement je pense qu’ils ne sont pas pour la plupart des idéalistes convaincus, mais, comme le sont souvent les gourous des sectes, des personnes cruelles dépourvues de tout sens moral et d’empathie, qui n’ont d’autre but que le pouvoir et l’asservissement des autres, et pour certain un plaisir morbide à faire souffrir les autres hommes, dans un délire de toute puissance.
   Dans mon prochain article je résumerai ce que Madame Bouzar recommande pour essayer de dissuader ceux qui se laissent ainsi embrigader, et dans un troisième article, je perlerai de la mentalité des kamikazes.

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