lundi 1 juin 2015

Quelle est votre perception émotionnelle immédiate ?

       Nous avons vu hier la préférence de sensibilité au stress Optimiste / pessimiste, qui relève de notre sensibilité au monde extérieur.
      Dans le même domaine de sensibilité au monde extérieur, je voudrais aujourd'hui examiner notre préférence de perception immédiate émotionnelle, qui conditionne nos réactions émotive aux événements extérieurs.


           Les temps de réaction cérébrale.

       Le cerveau a des temps de réaction très variables. On remarquera sur le graphique ci dessous qu’un signal émotionnel inconscient est transmis par nos sens via une plaque tournante que l’on appelle le Thalamus, à des centres nerveux particuliers du cerveau (les centres amygdaliens) qui sont responsables des réactions de peur, de colère et de déclenchement d’émotions, et des réactions physiologiques correspondantes notamment de sauvegarde de l’individu.
Au contraire une réaction logique et sensée de la pensée n’est possible qu’au bout de quelques secondes.


       Il est donc normal qu’en matière de perception notre cerveau ait d’abord une perception immédiate instantanée d’ordre affectif, et que ce ne soit qu’ensuite, qu’il puisse analyser et interpréter logiquement les sensations.
       Toutefois cette sensibilité de perception instantanée émotive est variable en durée et en intensité selon les individus.

          Cycle "perception, décision, action" de Plutchik 

       La première réaction que nous avons face à une perception (image, son, toucher, discours, lecture), est émotionnelle et affective (inconsciente la plupart du temps).
Ce n’est que dans un deuxième temps que l’on commence à réfléchir, à avoir un comportement rationnel et à prendre une décision, qui entraîne l'action.
        Plutchik, un  psychologue américain,  a imaginé la comparaison suivante du cerveau et d’un moteur thermique d’une voiture : le moteur à trois temps.
       Le cerveau agit en trois phases qui se succèdent :
             1 - la perception immédiate émotionelle dont nous avons parlé
             2 - une phase de perception orientée, raisonnée et de choix rationnel
             3 - une phase d’action.

       Normalement comme tout moteur de voiture, le cycle “tourne” dans ce sens et pas à l’envers
       Le déroulement courant du cycle est celui représenté par les grandes flèches (C). Mais on peut obliger un individu ou un groupe à passer directement de la perception affective à l’action. On obtient alors des comportements violents ou émeutiers (V). Un individu peut, dans certaines circonstances, inverser lui même le sens du cycle.
       Des meneurs reçoivent une formation spéciale pour leur enseigner à inverser le sens du cycle et donc du comportement d'un groupe, en le "gavant" d'affectif" et en l'empêchant de réfléchir.
        Un meneur qu’on l’ait entraîné à le faire, ou qu’il ait appris cela par expérience sur le terrain peut ainsi avoir action sur un groupe ou une foule et les mener jusqu’à la violence ou à l’émeute.
       Il faut pour cela un discours purement affectif, ne faisant appel qu’à la sensibilité immédiate, en se servant des mécontentements et des désirs, en faisant peu à peu monter la pression affective, et surtout en empéchant les cerveaux de réfléchir rationnellement, et inciter à passer à l’action sans justement prendre le temps de percevoir et réfléchir pour décider.
       A l’inverse pour calmer de manifestants ou un groupe qui n’est pas encore engagé dans la violence, il faut s’efforcer de le sortir de son circuit émotionnel pour le faire réfléchir rationnellement aux véritables causes et conséquences de ses mécontentements et souhaits en essayant de les ramener à des faits, à des évaluations précises, en excluant le plus possible sentiments et émotions.


            Notre préférence émotionnelle immédiate : A(affective) / O (orientée) :

        La première réaction que nous avons face à une perception (image, son, toucher, discours, lecture), est donc émotionnelle et affective, partiellement inconsciente et peu maîtrisée. C'est seulement dans un deuxième temps que l'on commence à réfléchir, à avoir un comportement rationnel et à prendre une décision d'action.
       Toutefois cette sensibilité de perception instantanée émotive est variable en durée et en intensité selon les individus et constitue donc une préférence cérébrale.
       On notera « A » la tendance à une grande sensibilité de longue durée, (A comme affective) et « O » la tendance à une faible sensibilité émotive et de courte durée, qui cèdera le pas à la perception (O comme orientée par notre cerveau frontal, qui réfléchit et pense).
       Si vous possèdez une grande sensibilité émotionnelle immédiate A, vous aurez des réactions émotionnelles quasi instantanées aux événements qui se présentent, même anodins.
       Vous êtes par exemple très ému(e) par des images, une musique, un texte, allant éventuellement jusqu'aux larmes et sans avoir de raison rationnelle (les neurologues appellent cela « l'émotion pure », qui est particulièrement contrôlée par le cortex insulaire et le cortex cingulaire antérieur du cerveau émotionnel).
       Quand une personne vous parle, vous êtes sensible à ses émotions face à ses problèmes et vous ressentez une émotion avant de voir les aspects factuels.
       Devant une scène mettant en jeu des personnes, vous êtes plus préoccupé(e) par les personnes et leur devenir que par l'action elle-même et par le souci immédiat de leur venir en aide.
       Lorsque quelqu'un vient vous parler, la première impression que vous avez d'elle est l'impression émotionnelle immédiate, et son récit peut vous émouvoir.
Vous ne l'envisagerez rationnellement que lorsque cette émotion sera passée et que vous serez arrivé au stade de la perception objective, et vous examinerez alors son cas.
      Chez les personnes très sensibles, la perception émotionnelle retarde de façon importante la perception normale des sensations, des informations, des faits et de l'environnement, pouvant même aller jusqu'à masquer une perception objective rationnelle.
        Une partie de ces perceptions immédiates n’étant pas entièrement consciente, vous pouvez vous sentir tout à coup émue, au bord des larmes, sans même savoir pourquoi..

        Si vous êtes peu sensible émotionnellement, (O), vous pouvez avoir des réactions analogues, mais leur durée est beaucoup plus courte et les réactions beaucoup moins importantes.
        Il vous arrivera très rarement d’être très ému(e) sans savoir pourquoi.
         Devant une image, une lecture, une scène, vous ressentez peu d’émotion, mais vous vous intéressez aux faits, à ce qui se passe, aux personnes, mais plus à ce qui leur arrive qu’à ce qu’elles ressentent et recherchera davantage des informations concernant sa situation qu’elle analysera.
        Vous serez moins empathique et vous risquez d'être jugée à tort comme indifférente, égoïste et ne comprenant pas autrui et les sentiments des autres.

        La combinaison des préférences A / O et optimiste/pessimiste est particulièrement importante :
        Chez la personne pessimiste cette sensibilité immédiate l'oriente vers l'émotionnel et le subjectif dont l'incertitude est un terrain favorable pour voir les choses de façon défavorable et pour entretenir la circulation des idées tristes dans le cerveau émotionnel. Elle minimise également l'intervention rationnelle des cortex, frontal (qui réfléchit et organise), et préfrontal (qui prévoit et juge).
         Une personne pessimiste et très sensible aura donc des émotions plus fortes surtout négatives qu’elle maîtrisera peu, est beaucoup plus torturée par son pessimisme, voit la vie encore plus en noir, a souvent des angoisses et des crises de larmes et aura du mal à considérer ses problèmes rationnellement et à voir objectivement le bon coté des choses.
        Une personne optimiste et très sensible conserve son optimisme, mais ressent plus d'émotion.
        Une personne peu sensible sera moins pessimiste ou optimiste, car elle aura tendance à examiner ses perceptions rationellement en regardant plutôt objectivement les faits et en maîtrisant l’aspect émotif.

       Cette préférence A / O intervient donc fortement dans notre humeur et dans notre réaction au stress. Une personne très sensible aura des réactions plus brutales devant le stress ou une grande émotion : larmes, tristesse. Elle exagèrera l’importance de paroles désagréables ou de réflexions péjoratives et soit répliquera de façon soudaine, soit partira souffrir dans son coin.

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